Est-il possible d'amener les touristes parisiens en banlieue ?

Durant l'année 2016, j'ai effectué une mission de webmaster au sein du Comité départemental du Tourisme des Hauts-de-Seine (CDT 92). Derrière cet acronyme, une structure modeste et familiale se charge de promouvoir le territoire et son offre de tourisme et loisirs. D'emblée, une question se pose : comment promouvoir l'offre hétéroclite d'un département aussi proche de Paris ?
Un déséquilibre
Paris exerce indéniablement une forte attractivité auprès des visiteurs du monde entier. La ville conserve jalousement les trésors qui font sa renommée : le musée du Louvre, la Tour Eiffel ou encore l'Opéra Garnier. Malgré les efforts consentis par les différents organismes en charge de la promotion touristique en Ile-de-France, les visiteurs sont toujours plus nombreux à se masser aux Tuileries que dans les somptueux jardins d'Albert Kahn à Boulogne-Billancourt.
Il n'est pas question ici de jeter l'opprobre sur qui que ce soit : cette tendance quasi immuable s'explique par bien des raisons à commencer par la notoriété et la facilité d'accès des monuments parisiens. Les obstacles qui dissuadent les touristes peu avertis de franchir la barrière du périphérique sont encore nombreux.
Repenser le tourisme en banlieue
A mon sens, pour rencontrer son public, l'offre touristique des territoires de banlieue ne doit pas tenter de faire concurrence à l'offre parisienne en incitant les visiteurs occasionnels à s'éloigner des sentiers battus. Elle devrait plutôt être élaborée en fonction d'une catégorie de touristes souvent négligée par les acteurs de la promotion : les franciliens.
La stratégie menée par le CDT 93 (Seine-Saint-Denis) tient tout particulièrement compte de cet enjeu. En proposant de nombreuses visites originales et insolites qui outrepassent même les limites du département, le CDT 93 a ouvert le champ, avec succès, à une nouvelle forme de tourisme. La formule a depuis été reprise par de nombreux organismes publics et privés en Ile-de-France. Comment, en effet, passer à côté d'une cible potentielle d'environ 10 millions d'habitants répartis autour de la capitale ?
Un revirement stratégique
Pourtant, on observe depuis peu un virage stratégique de la part de trois départements d'Ile-de-France : après la fermeture en 2016 des CDT 92 (Hauts-de-Seine) et 78 (Yvelines), celui du 91 (Essonne) semble également sur la sellette. En ce qui concerne les Hauts-de-Seine (92), le Conseil départemental nourrit de grandes ambitions depuis qu'il a repris la main sur la stratégie touristique du territoire : développement du tourisme fluvial, de l'hôtellerie et du tourisme d'affaires. Mais le Département, en votant la dissolution du CDT 92, a entraîné dans sa chute le service de commercialisation de visites au grand dam des franciliens qui étaient de plus en plus nombreux à apprécier la formule. Pour quelle raison négliger ainsi ceux et celles qui devraient être le cœur de cible des promoteurs du territoire ?
Des signes encourageants
Dans le même temps, plusieurs organismes ont fait du tourisme de banlieue leur cheval de bataille. L'agence privée Cultival propose des visites à Paris et dans toute l'Ile-de-France. Son succès démontre qu'il est tout à fait possible de concilier rentabilité et promotion du territoire. Je souligne également le travail remarquable des journalistes d'Enlarge Your Paris qui proposent aux visiteurs en quête de sensations une nouvelle façon d'aborder le territoire francilien.